Pour réussir votre semis et déterminer la dose à apporter au semoir, il est indispensable de calculer la densité de semis. Les conditions de semis devront être prises en compte pour obtenir une densité optimale : type de sol, variété, date de semis, contexte climatique...
Une nouvelle campagne s’annonce, et vous vous demandez quelle dose de semis de blé prévoir dans vos semoirs ? D’abord, un petit rappel mathématique :
Dose de semis = (Densité de semis (grains/m²) x PMG (g)) / 100
Le PMG (poids mille grains) varie en fonction de la variété et des campagnes. Quant à la densité de semis, elle correspond au nombre de grains semés par mètre carré. Pour le blé, les densités de semis oscillent généralement entre 150 et 300 grains/m2. Un chiffre qui varie en fonction du type de sol, de la date de semis, des conditions climatiques et de la variété.
Une trop forte densité n’améliore pas le rendement
Considérons des conditions de semis favorables : bonne humidité, absence de grosses mottes, semis à 2 ou 3 cm de profondeur… Dans ce cas, les pertes estimées à la levée sont en moyenne de 15 %. Une densité de semis de 220 à 250 grains/m2 serait donc suffisante pour atteindre le rendement maximum des blés. Mais dans la réalité, les conditions idéales ne sont pas forcément réunies ! Alors, comment calculer ces densités de la manière la plus juste possible ?
D’abord, ça coule de source : sous-évaluer les densités de semis risque de diminuer le rendement, notamment en-dessous de 150 plantes/m2. Mais, et c’est moins intuitif, des densités de semis trop fortes n’améliorent pas le rendement. Un trop grand nombre de grains par unité de surface peut provoquer de la verse, empêcher le blé de taller suffisamment et favoriser l’apparition de maladies foliaires.
La densité de semis dépend du type de sol
Une même variété de blé semée à la même date peut nécessiter une densité de semis très différente en fonction du type de sol. La levée et le tallage du blé sont pénalisés dans les sols difficiles. Dans les sols hydromorphes, le manque d’oxygène subi par les racines se traduit par un avortement des talles et un ralentissement de croissance. De même, un sol à faibles réserves en eau nuit au tallage et à la montée des épis.
Autre exemple : l’excès de pierres en surface, qui diminue le volume de terre disponible pour le développement des racines. Toutes ces contraintes augmentent les pertes de rendement.
D’après le Centre Wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) et l’université Gembloux Agro-bio Tech, il faudrait majorer de 20 à 50 grains/m2 les densités de semis en terres difficiles.
Semer plus dense en semis tardif
En moyenne, le blé semé dans de bonnes conditions doit cumuler 130°C entre le semis et la levée. Pour un semis d’octobre, cela correspond à un délai d’une dizaine de jours. En décalant le semis de quelques semaines, le sol refroidit et le délai peut atteindre un mois. Or, plus le blé prend du temps pour lever, plus les pertes sont importantes.
Il faut donc retenir ce mantra : plus le semis du blé est tardif, plus on augmente les densités. A titre d’exemple, la Chambre d’agriculture de Normandie recommande d’augmenter de 30 grains/m2 par quinzaine de retard.
S’adapter au contexte climatique
Par ailleurs, la densité de semis dépend du contexte climatique. En conditions difficiles, les pertes à la levée et en hiver peuvent atteindre 30 à 40 %. Sous un climat continental (Champagne, Bourgogne…), le tallage du blé sera ralenti par des automnes et des hivers plus froids. Il est donc avisé d’y semer le blé plus tôt voire en plus forte densité. En revanche, l’absence de gel en contexte océanique favorise la montée des talles. La densité de semis peut donc être revue à la baisse.
Autre facteur important : la qualité des semences. En cas de pouvoir germinatif plus faible, il faut augmenter la densité de semis.
Et les blés hybrides ?
Les semences de blé hybrides présentent un pouvoir de tallage très important. La densité de semis recommandée est donc plus faible que pour les lignées, et peut être diminuée de 30 %. Ainsi, Arvalis a mené avec succès des essais avec des hybrides semés à 140 grains/m2.
SOURCES
- Centre Wallon de Recherches Agronomiques (CRA-W) et de l’université Gembloux Agro-bio Tech: livre blanc « La densité de semis des céréales »
- La Chambre d’agriculture de Normandie : « semis des céréales »
- Perspectives agricoles : « Déterminer au plus juste les dates et densités de semis »
- Arvalis : « Céréales : régler les semoirs à la bonne densité »